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Serge Moati riposte à la réforme de l’audiovisuel public

publié le jeudi 20 novembre 2008

De passage à Toulouse pour présenter le prochain Festival International du Film de Télévision de Luchon*, dont il assurera la présidence, Serge Moati revient sur la réforme de l’audiovisuel public. L’ancien directeur général de France 3 qui a participé à l’implantation des antennes locales dans les années 80 riposte aussi à son démantèlement.

AJT-MP : Quel est votre sentiment général sur cette réforme de l’audiovisuel public ?

Serge Moati : Je pense que les programmes de France Télévisions sont assez différents des programmes des autres télévisions, il serait invraisemblable de ne pas s’en rendre compte. Il y a des films que vous faites à France Télévisions que vous ne pouvez pas faire dans les chaînes privées pour des raisons d’audimat, de pub, etc. C’est évident ! Mais, là où la question devient intéressante, c’est que moi je pense comme le Président - ou il pensait comme moi, je ne sais plus - qu’il fallait renforcer le service public en renforçant sa mission d’éducation populaire au sens large ; une grande générosité d’accès aux programmes pour des catégories qui n’ont que la télévision comme outil de distraction et de culture.

La mesure phare de cette réforme, c’est la très controversée suppression de la publicité sur France Télévisions. Une mauvaise bonne idée ?

Il ne peut pas y avoir de suppression de la pub si ce n’est pas adossé à un grand projet culturel. Grand projet culturel ça veut dire : renouvellement des genres et de la création, par exemple, faire rentrer des jeunes à la télévision. Renouveler les genres, depuis les variétés jusqu’à l’émission jeunesse en passant par la fiction, les documentaires, etc. S’il n’y a pas un grand projet et une grande ambition pour ce pays par rapport à la télévision, pourquoi supprimer la pub ? C’est là où il y a un problème. Un problème sur les financements : qui nous garantit qu’il y aura à l’euro près le même financement pour le service public ? Il faut faire très attention de prendre ce que dit le Président Sarkozy au pied de la lettre. Quand il a fait sa déclaration, j’étais là et j’ai dit : « Chiche ! » Moi qui ai présidé France 3 entre 1981 et 1986, j’étais d’accord pour ça. Mais, si il y a moins d’argent, c’est la catastrophe et ça veut dire que ce sont des cadeaux faits aux télévisions privées uniquement, sans contreparties.

France 3, justement, commence à être remodelée. Par exemple, Toulouse n’a plus son édition locale depuis cet été. On retire donc ce qui était l’essence même de la troisième chaîne.

A qui le dites-vous ? J’ai appris ça dans la presse et je ne suis pas content puisque s’il y a une vraie mission de service public, c’est bien à travers France 3 qu’elle doit s’exercer. On ne peut pas imaginer que des territoires immenses comme ici, en Midi-Pyrénées, n’aient pas une télévision importante. Enfin, ça n’a pas de sens, il y a qu’une télévision de service public qui peut remplir ce rôle. De la fiction, tout le monde en fait, mais la télévision régionale, il n’y a que France 3 qui la fait. Je ne comprends donc pas qu’on puisse toucher à ça qui est vraiment pour moi un des joyaux de la couronne républicaine.

Propos recueillis par Nicolas Séné

Association des Journalistes de Toulouse et Midi-Pyrénées

*Du 3 au 6 février 2009

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