Edwy Plenel : le devoir de dire « non »

Le 15 janvier, Edwy Plenel était l’invité du débat organisé par l’AJT-MP à Toulouse sur les Etats généraux de la Presse. Un débat intéressant les citoyens et pas seulement les journalistes, comme en témoignaient les 200 personnes remplissant la salle Ossète et qui ont posé de nombreuses questions.

Ancien directeur de la rédaction du Monde, président et fondateur du site d’information en ligne Mediapart, Edwy Plenel a été à l’origine des Etats généraux « off » avec Reporters sans Frontières, Mediapart, Rue 89, Marianne, Les Inrockuptibles, Le Nouvel Observateur, Charlie Hebdo. Réunions publiques, appels pour la défense de la liberté et du pluralisme de l’information (dont l’Appel de la Colline), Assises nationales du journalisme, ont marqué la montée de la mobilisation dans la profession, mais également dans le reste de la société. Les mots d’ordre de cette mobilisation sont pour lui solidarité et confraternité. Il s’agit d’une alarme démocratique, du devoir de dire « non » au contrôle de l’information et à l’ingérence croissante du pouvoir politique dans les médias.

Les Etats généraux - dont les participants étaient principalement des éditeurs de presse, des représentants institutionnels ou des politiques - auraient dû être publics, accueillir les journalistes mais aussi les lecteurs, des bloggeurs… et leur suivi assuré par une commission parlementaire, afin que les décisions ne dépendent pas du seul Président de la République.

Concernant la crise de la presse écrite, Edwy Plenel compare l’arrivée du numérique à une troisième révolution industrielle (les deux premières étant l’invention de la machine à vapeur, puis de l’électricité). Le rapport à l’espace, aux distances, à l’information est totalement modifié. Avec le numérique, on supprime également trois coûts : le papier, l’impression et la distribution. Les journaux, et en particulier les quotidiens, qui ne se portaient déjà pas très bien, doivent surmonter cette nouvelle crise. Mais on peut défendre la tradition avec les armes de la modernité, sans céder à l’illusion du tout gratuit ou du tout publicitaire.

Le modèle économique de la presse papier est sans doute à redéfinir, mais le modèle économique de la presse numérique n’a pas encore fait ses preuves. L’information a un coût, celui de l’indépendance. Mediapart est d’ailleurs payant, et compte sur l’accroissement du nombre de ses abonnés pour arriver à l’équilibre dans deux ans.

L’AJT-MP

Photos Gilles Vidal