Une synthèse du projet de code de déontologie des journalistes, issu des conclusions des Etats généraux de la Presse, a été publiée le 20 octobre dernier. Ces deux feuillets et demi ont été élaborés par un groupe de journalistes, d’éditeurs de presse et de personnalités, présidé par Bruno Frappat.
Les premiers articles définissent le métier et la fonction : « […] rechercher pour le public des informations, les situer dans un contexte, les hiérarchiser, les mettre en forme […] ». Mais les articles suivants, tout en rappelant les fondamentaux du métier, les assortissent de devoirs, d’obligations incombant au seul journaliste, en dehors de toute contingence hiérarchique et d’appartenance à une rédaction : l’indépendance du journaliste, considérée comme « condition essentielle d’une information libre, honnête et pluraliste, va de pair avec sa responsabilité » ; « le souci d’assurer au plus vite la diffusion ne dispense pas d’une vérification préalable de la crédibilité des sources » ; « le journaliste est attentif aux critiques et suggestions du public »… Ainsi, l’ensemble du texte ressemble davantage à un catalogue des devoirs du journaliste qu’à un code de déontologie le guidant dans l’exercice de sa profession ; pas un mot de ses droits, des conditions de travail, des pressions de sa direction.
Ce code déontologique, dont on peut espérer qu’il fera l’objet de concertation avec les organisations de journalistes avant d’être finalisé, doit devenir partie intégrante de la Convention collective. Or, aucune instance de contrôle ou de recours n’est prévue. Quelles seront les sanctions, qui les prononcera, qui les appliquera ? Ces points essentiels ne sont même pas abordés, ce qui enlève toute portée au texte. Alors, une commission pour rien ? Peut-être, mais la vigilance s’impose néanmoins.
Sy. B.