« Il existe, à Toulouse, un boulevard pour un média d’information politique. Politique au sens large, pas seulement politicienne. Ce créneau est laissé vacant par « La Dépêche du Midi » depuis longtemps... Et toute notre ambition est d’occuper ce terrain en créant un magazine doté de l’engagement d’un « Marianne » - plutôt de la première époque, en moins populiste qu’aujourd’hui -, et donner enfin à notre ville la possibilité d’un journalisme militant, d’un vrai contre-pouvoir. Mais il ne s’agit pas de contre-pouvoir aux institutions en place, je parle de la presse en tant que quatrième pouvoir », lance Philippe Hugon, ex-rédacteur en chef de Toulouse Mag à La Dépêche du Midi, parti de l’empire Baylet il y a un an.
Le porteur du projet, qui commence aujourd’hui à faire son buzz, prend également des précautions oratoires pour tordre le cou à une rumeur selon laquelle le futur journal sera un faux nez de l’UMP local. « Non, pas du tout ! », rétorque Philippe Hugon, qui poursuit : « La confusion vient du fait que la majorité du pouvoir, ici, est aux mains du parti socialiste. Mais je le redis : il s’agit bien de faire du journalisme, sans a priori. C’est l’info qui primera ». D’ailleurs, pour garantir l’indépendance des journalistes, une société des rédacteurs sera présente à hauteur de 20% dans les parts du capital de la société éditrice, grâce notamment à un modèle d’apport en savoir-faire. Une condition imposée par le journaliste aux investisseurs.
Des pigistes payés 120 euros net du feuillet
Concrètement, quelle forme prendra le canard ? « Nous avons choisi un format du type « Courrier International ». Il sera bimestriel et comptera 56 pages en tout-quadri, dont 40 d’informations. Une large place sera faite à l’image. ». Du point de vue économique, le modèle d’affaires présenté par Philippe Hugon à ses premiers investisseurs mixe un chiffre d’affaires provenant des ventes réalisées en kiosque - le prix au numéro, pas encore fixé, sera au moins de 3 euros - , ou sous forme d’abonnements, avec d’autre part un revenu publicitaire qui excluera « les annonceurs institutionnels », prévient le créateur d’entreprise. Objectif de ventes : 8 à 10 000 exemplaires pour un tirage de 15 000, ce qui serait, pour Toulouse, un niveau plus qu’honorable. En ce qui concerne le Web, la déclinaison est actuellement à l’étude.
Quant au cadre social de l’entreprise, Philippe Hugon fait le choix de l’externalisation, notamment en ce qui concerne les journalistes, rassemblés en une équipe de pigistes. Ceux-ci sont promis à être particulièrement bien payés quand on connait le niveau toulousain : 120 euros net le feuillet. « Ils seront notre investissement, car c’est bien la qualité et la force de l’information qui déterminera le niveau de nos ventes », souligne t-il.
Pour l’heure, le pacte d’actionnaires n’est pas encore complètement ficelé, et le nom des premiers investisseurs n’est pas révélé. « Nous avons déjà la possibilité de constituer une trésorerie pour financer trois numéros. Mais je souhaite atteindre une capacité équivalente à 6 numéros pour nous lancer », précise Philippe Hugon.
Propos recueillis par Frédéric Dessort, AJT-MP
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