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Covid-19 : les pigistes vaccinés

publié le vendredi 15 mai 2020

Le Covid-19 a mis en lumière la précarité des pigistes, première variable d’ajustement dans les rédactions. Un point positif émerge toutefois de cette crise : le décret du 16 avril sur le chômage partiel. Tour d’horizon toulousain.

Le 16 avril 2020 fera date dans la vie des pigistes. A une heure tardive, le décret sur le chômage partiel concernant les journalistes pigistes est enfin publié au Journal officiel. Il énonce les conditions requises pour avoir recours, comme tout salarié, aux mesures d’urgence en matière d’activité partielle mises en place par le gouvernement face à la pandémie afin de garantir le maintien d’une partie des salaires : « Pour les journalistes pigistes en collaboration régulière (…) qui ne sont pas soumis aux dispositions légales ou conventionnelles relatives à la durée du travail et qui ont bénéficié au minimum de trois bulletins mensuels de pige sur les douze mois civils précédant la date du placement en activité partielle, dont deux dans les quatre mois précédant cette même date, ou qui ont collaboré à la dernière parution dans le cas d’une publication trimestrielle ».

Non seulement il n’est plus question d’un seuil de revenu, ni de détenir la carte de presse, mais l’effet va bien au-delà : « Le décret du 16 avril renforce encore la loi Cressard en confirmant que les pigistes sont en CDI (...) C’est une victoire extraordinaire », se réjouit Myriam Guillemaud Silenko, du Pôle pigistes SNJ. Corollaire de la mobilisation syndicale, les pigistes sont entrés en relation à grande échelle sur les réseaux sociaux, pour échanger, exposer leur situation, poser des questions et répondre à celles des autres. Certain.e.s réalisent alors, un brin sidéré.e.s, que des rédactions entières reposent sur leurs épaules !

Mode d’emploi

« Pour recourir au dispositif, l’employeur doit d’abord en obtenir l’autorisation auprès de l’unité départementale de la DIRECCTE », rappelle sur son site la Direction régionale des entreprises de la concurrence de la consommation, du travail et de l’emploi d’Occitanie. Ce sont les représentants du personnel qui en font la demande collectivement, mais l’expérience montre qu’il est toujours bon de se signaler auprès des RH afin de ne pas être oublié. Puis vient l’heure du calcul (voir la page Facebook d’Info pigistes SNJ qui donne des exemples chiffrés). La moyenne des rémunérations brutes perçues au cours des douze mois précédant le placement en activité partielle sert de base. En la rapportant au salaire minimum dans la forme de presse concernée, on obtient un coefficient de référence qui permet de convertir en équivalent temps plein l’activité difficilement quantifiable des pigistes. Dernière étape : définir le nombre d’heures chômées indemnisables. Au final, c’est l’employeur qui verse les indemnités aux salariés. De plus, dans le cadre de la loi d’urgence sanitaire, l’ordonnance du 22 avril permet, sur accord d’entreprise ou avis favorable du comité social et économique, de mettre en place un chômage partiel individualisé (et non plus homogénéisé entre tous les salariés ayant un même profil au sein d’un service, d’une agence…) À signaler également : la mutuelle Audiens, qui a mis en ligne un formulaire spécifique de demande d’aide sociale ponctuelle pour ses adhérents.

Dans les rédactions locales

Au sein de l’UES La Dépêche, qui compte une dizaine de sociétés, 55 journalistes rémunérés à la pige sont concernés par du chômage à 100%, la moitié dans les quotidiens, suppléments et divers magazines, l’autre à “Midi Olympique”. Courroies indispensables de la PQR, les correspondants locaux, eux, ont continué d’aller sur le terrain, munis d’une attestation… En revanche, pas de chômage partiel chez France 3, pour aucun des personnels. Pas de pigistes non plus sur la chaîne publique, mais de nombreux CDD : des journalistes et des intermittents qui cumulent parfois plusieurs contrats à durée déterminée par semaine. Or la chaîne n’y a plus recours actuellement. « Seuls les engagements de longue durée sont maintenus », rappelle François Ollier, délégué syndical SNJ France 3 Midi-Pyrénées. Pour les autres, un dispositif de solidarité a été mis en place avec Audiens et Pôle Emploi, la mutuelle se chargeant de l’évaluation de chaque situation.

Le site d’investigation nationale “Médiacités” compte une quinzaine de pigistes pour son édition toulousaine. La demande de mise en chômage partielle (à 50%) est en cours, mais la plupart des pigistes ayant moins de trois bulletins de paie sur les douze derniers mois, ils ne peuvent en bénéficier. Seule une vingtaine le pourra sur les 100 pigistes en France. Si la rédaction toulousaine a dû réduire la voilure, « ce n’est pas lié au Corona », explique le rédacteur en chef de “Médiacités” Toulouse, Gaël Cerez. Rappelant que les publications « avaient été gonflées par les municipales ». Les budgets ont été réduits en avril et mai, « mais ça va remonter à partir de juin », entrevoit Gaël Cerez.

À “ToulEco”, « nous avons juste deux pigistes et un photographe qui ont eu une baisse d’activité et pour qui nous avons demandé du chômage partiel sur avril », détaille le rédacteur en chef, Martin Venzal.

Du côté de “L’Indépendant”, dont le siège est à Perpignan, les pigistes sont au chômage partiel avec une durée de travail liée à leur service. Les sportifs sont à 100 % et ceux des locales à 40 %. « On s’est battu pour qu’il n’y ait pas de solution au cas par cas mais collective pour tous les pigistes », explique Julien Marion, délégué du personnel.

Pigistes Toulousains pour la presse nationale

En presse professionnelle, après une piqûre de rappel de l’Inspection du travail, les ressources humaines du groupe Info6tm - qui regroupe une douzaine de magazines spécialisés en transport, tourisme, social, RH, sphère juridique… - ont écrit à de nombreux pigistes : « Si vous répondez aux conditions définies par ce décret votre dossier va être traité ». Début mai, toujours pas de nouvelles. Certains titres ont néanmoins continué de paraître sur Internet, en pagination réduite. Dans la branche touristique, les choses sont évidemment très compliquées, aussi l’un des magazines de ce secteur a annoncé dès le 6 mars se mettre en sommeil… jusqu’en septembre. Aux “Échos”, la direction avait dans un premier temps annoncé qu’elle ne diminuerait pas le budget piges, en publiant des articles sur le web. Mais début mai elle a décidé d’accorder le chômage partiel à ses pigistes. D’autres journalistes travaillant pour des employeurs nationaux et régionaux ne se lancent même pas dans les démarches. L’un d’eux explique préférer « utiliser mon énergie à faire des propositions et des synopsis ». Sa vie de pigiste en somme.

Charline Poullain

Afin de mieux connaître la situation des pigistes de la région toulousaine, l’AJT-r vous propose de participer à cette enquête : https://forms.gle/wWruAMHqpjjjhRDK6 Les résultats seront publiés dans une prochaine lettre d’information et sur notre page Facebook : Association des Journalistes de Toulouse et sa région
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