AJT-MP... L’Association des Journalistes de Toulouse et sa région
Accueil du site > Actualité des médias > Journalisme 2.0 : Les médias américains, aussi, cherchent un (...)

Journalisme 2.0 : Les médias américains, aussi, cherchent un modèle

publié le dimanche 4 novembre 2007

Rue89.com, lepost.fr, agoravox.fr et maintenant obiwi.fr, les sites d’informations “web 2.0” tentent à se développer en France depuis quelques mois. Qu’elle soit appelée journalisme “citoyen”, “participatif”, “en réseau”, ou “pro-am”, cette nouvelle forme de journalisme vise d’abord à associer le lecteur du média (le site internet) à l’élaboration et à la rédaction de son contenu, en utilisant certaines technologies attribuées au web 2.0.

Ces sites rencontrent un succés croissant, à l’image de Rue89.com qui revendique déjà 700 000 visiteurs uniques par mois, en avance sur ses prévisions. L’audience en passe d’être trouvée, la grande question reste celle du modèle économique (et donc des investissements publicitaires) qui permettra à ces sites de se maintenir et de se développer. C’est une des questions qui s’est trouvée au centre du premier “Networking Journalism Summit” qui s’est tenu le 10 octobre dernier, à l’Université de Journalisme de New York (CUNY). Près de 200 journalistes venus de tous les Etats Unis et, pour quelques uns, d’Europe, ont échangé sur leurs expériences, leurs projets, leurs modèles économiques et leurs difficultés.

La première chose qui frappe, ce sont le nombre et la variété des projets “pro-am” lancées ces dernières années aux Etats Unis. Ces expériences diverses sont conduites par des grands titres de presse écrite (Washington Post, L.A Times) ou par des journalistes indépendants. Les contenus sont également trés variés : écrits ou audiovisuels, informations “générales”, actualité thématique (divertissements, culture) ou sites d’informations locales voire “hyperlocales”. Paradoxalement, les projets on-line ont souvent encore besoin d’une édition papier qui se révèle plus facile à “vendre” aux investisseurs publicitaires. Le Boston Now est un site de journalisme “participatif” qui imprime gratuitement une version “papier” de ses contenus. Le site allemand "Myheimat" d’informations hyperlocales imprime la totalité des contenus, également distribués sous forme de journaux. A l’inverse, le journal “The News & Observer” réserve une de ses pages aux bloggers de son site. Il tente ainsi de développer l’audience de son réseau de bloggers à travers l’édition papier.

La question du modèle économique a longuement été abordée au fil des discussions durant cette conférence. Modèle encore incertain : le site canadien NowPublic, qui revendique 500 000 visiteurs uniques par mois à travers le monde, vient de lever 10,6 millions de dollars pour financer son développement, quand l’ancien journaliste du WP, Mark Potts, a été contraint d’abandonner son expérience de journalisme citoyen et hyperlocal Backfence, faute d’argent. Le britannique Rick Waghorn est venu expliquer comment la publicité locale suffit à rentabiliser le site qu’il consacre à l’actualité de l’équipe de football de Norwich (une ville de 130 000 hbts dans l’est de l’Angleterre), mais Brian Conley, l’un des fondateurs du site “Alive in Baghdad ”, dont la qualité des reportages vidéos a été unanimement saluée, ne vit encore que des contributions volontaires (et insuffisantes) des “lecteurs” de son blog.

Comment attirer les recettes publicitaires sur les blogs d’informations ? Il semble que les blogs locaux et hyperlocaux trouveraient plus facilement leurs investisseurs ; à l’échelle nationale, l’organisation en réseaux de blogs d’informations autour d’une “marque” ou d’un titre reconnu(e) permettrait d’intéresser les publicitaires. Jeff Burket du washingtonpost.com explique que le CPM (Coût Pour Mille affichages) pour la publicité sur le réseau de blogs du Post se rapproche de celui de l’édition on-line du journal.

Pour autant, deux éléments (au moins…) freineraient encore les investissements publicitaires : le manque d’études précises sur l’audience et le lectorat des blogs, et la présence des commentaires. C’est même apparu comme le principal souci de plusieurs des intervenants : comment gérer les commentaires, dont certains dérapages nuisent à l’ensemble. Les publicitaires investissent plus facilement sur les sites/blogs qui ne publient pas de commentaires. Quitte à se priver d’un des éléments constitutifs de “l’information 2.0”.

Claude Paichard, ancien directeur de l’information de Sud Radio

SPIP | | Plan du site | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0 |

Crédits techniques :
Réalisation : missTizia - Photos bandeau d'entête : Rémy Gabalda - Logo : Fabienne Gabaude

Les partenaires de l'AJT :

Novotel Toulouse Centre

EJT

La Mêlée Numérique

Dolist

Diagora

Fullsave

AltoSpam

Science Po Toulouse