Philippe Merlant et Luc Chatel, respectivement journaliste à La Vie et rédacteur en chef de Témoignage Chrétien, dépeignent une juste vision du paysage médiatique pour mieux pointer la faillite de ceux qui représentent pourtant un contre-pouvoir. Du « mimétisme » déjà défini par Bourdieu avec une presse se suit, en passant par la réalité précaire des pigistes - dont des grandes plumes de quotidiens ! – jusqu’à se poser la question de savoir si les médias ne sont pas « toujours du côté du manche ? », les auteurs posent certes un constat accablant, mais proposent aussi des pistes de sortie de crise.
Ils établissant sept « frontières intérieures » qui freinent le métier. Celle entre « les classes moyennes et le peuple » est significative. Linda Douifi, « née dans un quartier populaire et étudiante à l’Institut de journalisme Bordeaux-Aquitaine », a vite perçu une différence de classe sociale entre elle et ses camarades de promo. Après un travail de fond, elle en conclut que « sept étudiants d’école de journalisme sur dix estiment avoir une origine sociale “moyenne supérieure“ ou “supérieure“ ». Elle confirme ainsi l’analyse d’un de ses pairs : « L’harmonisation du recrutement – social notamment – des journalistes a été pour beaucoup dans l’uniformisation de leur traitement de l’actualité », observait déjà un certain PPDA.
Si la presse n’est pas encore un havre de diversité, le même constat se fait quant à la place des femmes, des personnes handicapées ou du rapport au public. La recette ? Les deux compères font le pari d’« un journalisme différent » qui ne verra le jour qu’en dépassant quotidiennement ces frontières pour mieux rétablir l’équilibre des pouvoirs.
NSé
« Médias. La faillite d’un contre-pouvoir » - Philippe Merlant et Luc Chatel – Editions Fayard, 336p., 19€.