Dans « Le quai de Ouistreham », Florence Aubenas a enquêté pendant six mois sur le terrain de la guerre sociale. Son point de départ : la crise. Dans son environnement habituel, elle n’en voit pas les conséquences. Elle décide alors de partir à Caen, loue une chambre meublée, se fait une coloration, porte des lunettes et va déposer son CV vide de compétences aux quatre coins de la ville. On ne lui proposera que des petits boulots dans le ménage. De Pôle-Emploi en entretiens d’embauche, du nettoyage de cabines de ferry aux rencontres touchantes de celles et ceux qui luttent pour survivre, la journaliste livre un récit percutant sur une facette de la réalité du monde du travail. Celui qui avilit, broie et rejette : « Les autres filles ont fini par trouver la cadence et la tiennent, abattant la besogne à gestes précis, si bravement qu’elles paraissent être plusieurs par bungalow. Pas moi. Ma matinée se consume en une frénésie paniquée, avec l’impression de jouer une partie perdue d’avance. »
Nicolas Séné
« Le quai de Ouistreham » - Florence Aubenas - Editions de l’Olivier - 19€.