La “Voix du Midi” veut développer une ligne éditoriale politiquement neutre

“ Jusqu’en 2003, la “Croix du Midi” avait, comme chacun sait, une ligne éditoriale “baudisienne” et catholique. Mais le changement de nom en “La Voix du Midi”, opéré cette année là, a marqué l’entrée dans un traitement plus neutre de l’information, qui s’affirme aujourd’hui. Le développement d’un réseau entrepris depuis plusieurs années dans toutes les sphères politiques conjugué à une volonté d’indépendance nous amène aussi à sortir plus souvent des informations sensibles “, explique Pascal Pallas, 27 ans, qui a été recruté en avril 2010, au poste de chef d’édition de La Voix du Midi Grand Toulouse (5 salariés dont 2 journalistes et plusieurs correspondants de presse).

L’équipe de la Voix du Midi Grand Toulouse : de gauche à droite, David Saint-Sernin, Pascal Pallas, Anthony Assemat, Agnès Lassus

Tiré à 12 000 exemplaires, selon Pascal Pallas, l’hebdomadaire a t-il les moyens de son indépendance ? Si la régie publicitaire est bien locale, l’actionnariat du journal ne l’est pas. Pour preuve : La Voix du Midi Grand Toulouse fait partie du groupe Société d’Edition de Presse Régionale (SEPR), lui-même filiale d’une holding, La Presse Régionale, qui centralise régie publicitaire, services de gestion et un studio de création. Cette dernière société est la propriété de la famille Mulliez, ancrée dans le nord de la France et qui détient, entre autres, le groupe Auchan, Décathlon, Flunch, Cultura... Et certains articles, comme la une de l’édition de la semaine du 9 au 15 décembre, et celle de cette semaine, consacrées à un détournement présumé au sein du Conseil Régional, témoignent d’une certaine capacité du journal à publier quelques informations dérangeantes pour les pouvoirs en place.

SEPR, dont le siège est basé à Toulouse, édite plusieurs titres régionaux : La Voix du Midi Grand Toulouse, La Voix du Midi Lauragais, La Vie Quercynoise, La Voix du Cantal, La Croix du Nord et La Voix du Jura, dont le rédacteur en chef, Franck Lacroix, est aussi directeur de la publication de l’ensemble de ces titres. En 2009, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 4,8 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un petit bénéfice de 9 000 euros. Elle emploie 39 personnes.

Mais la société SEPR a connu des années de plus grande abondance. Le groupe, créé en 1957, porte ce nom depuis l’absorption, fin 2006, de La Voix du Jura et de La Croix du Nord par la Société Nouvelle de Télégramme (SNT), qui portait La Croix du Midi. Les deux journaux acquis étant déjà en partie détenus par la famille Mulliez. Jusque là, SNT éditait 12 journaux dans un grand Sud-Ouest allant jusqu’au Gard. La Croix du Midi employait encore une vingtaine de salariés dans les années 90, dans ses locaux de la rue Gabriel-Péri, à Toulouse. Le tout premier nom du journal, Le Télégramme, est d’ailleurs toujours gravé au fronton de la discothèque La Bodéga, bien connue des Toulousains. Entre temps, plusieurs titres ont été supprimés, comme Le Rouergat, La Voix du Gers l’année dernière et plus récemment, L’Echo du Tarn. Quelques disparitions un peu compensées par la création, en 2004, de La Voix du Midi Lauragais. “ Un titre qui s’est rapidement développé ”, souligne Pascal Pallas.

Frédéric Dessort, AJT-MP