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Les « pure-players », gratuits ou payants ?

publié le dimanche 22 janvier 2012

Plusieurs exemples viennent alimenter le débat sur le modèle économique des « pure-players » : gratuits ou payants ? L’information sur Internet peut-elle être gratuite, ou bien a-t-elle un coût ? Sans en tirer des conclusions hâtives, en particulier sur la qualité du contenu des sites, on peut constater que Médiapart, site payant, annonce des bénéfices pour 2011, alors que Rue89, site gratuit, a été contraint de trouver un financier et que d’autres sites gratuits connaissent également des difficultés économiques. Il semble, que contrairement au dogme du tout gratuit sur Internet, un « pure player » avec une rédaction de journalistes professionnels et proposant enquêtes et infos peut faire payer ses lecteurs et en vivre. D’ailleurs, n’est-ce pas la meilleure solution pour garantir son indépendance, sans recourir à la publicité et sans courir le risque d’être racheté faute de ressources financières ?

Les comptes de Médiapart seront publiés officiellement en mars, mais Edwy Plenel annonce - dans un entretien publié le 2 janvier dans Challenges - que le chiffre d’affaires dépassera en 2011 la barre des 5 millions d’euros, en hausse de 66% sur un an. Le résultat net atteindra 500 000 euros. Le site compte aujourd’hui 58 000 abonnés qui génèrent 95% du chiffre d’affaires. Le fondateur du site vise en 2012 une progression équivalente à celle de 2011 et compte sur l’élection présidentielle. Ces résultats le confortent dans le choix d’un modèle payant « qui a montré qu’il était créateur de valeur ».

Fin décembre, Rue89 a été racheté par Claude Perdriel, fondateur et dirigeant du Nouvel Observateur. Le 21 décembre, Pierre Haski, cofondateur de Rue89, précise sur le site que « Tout en s’intégrant dans le groupe du Nouvel Obs, Rue89 restera un site autonome, et les fondateurs (Pierre Haski, président, Laurent Mauriac, directeur général, Pascal Riché, rédacteur en chef) continueront à en assurer la direction comme auparavant. L’indépendance éditoriale et l’autonomie de gestion sont garanties dans l’accord. » […] « Ce rapprochement, qui fait suite à l’entrée de Claude Perdriel dans le capital de Rue89 en juin dernier, survient alors que la crise fragilise anciens et nouveaux médias […] ». Sur le site du Nouvel Obs.com, un onglet permet désormais d’accéder à Rue89.

La TVA toujours à 19,6 % pour la presse en ligne

Quant à l’émission Arrêt sur Images, sa transposition sur le web est prometteuse mais n’est pas encore complètement probante sur le plan économique. En tous cas, les résultats varient selon le taux de TVA souhaité ou appliqué.

Lancé en 2008 après sa suppression l’année précédente par France 5, le site arretsurimages.net poursuit la thématique de suivi et d’analyse des médias en ajoutant une forte dimension interactive, au travers d’un forum de discussion riche en contributions. Les émissions sont toujours diffusées hebdomadairement et sont également accessibles sur une des chaines de télévision de la Freebox.

Quant au modèle économique, il est également basé essentiellement sur les abonnements, mais le montant de ceux-ci sont moins élevés que chez Mediapart : 40 euros par an ou 3,5 euros par mois. Une petite partie du site demeure néanmoins gratuite. Une diversification de l’activité a été engagée au travers de l’édition (*). Le livre « Crise au Sarkozistan » a été vendu à 28 000 exemplaires, selon la direction d’Arrêt sur Images, dont 25 000 sur Internet, alors que Mediapart mise plus sur les libraires pour diffuser ses ouvrages.

Le premier exercice fiscal, qui s’est étendu du 6 septembre 2007 au 31 décembre 2008 a permis à la société éditrice d’atteindre un chiffre d’affaires de 1,014 millions d’euros et de réaliser un bénéfice net flatteur de 205 000 euros. Puis les chiffres d’affaires et résultats ont évolué de la manière suivante : 724 000 euros / - 13 000 euros en 2009, 838 900 euros / - 68 300 euros en 2010.

Dans un éditorial, Daniel Schneidermann, créateur du média, recadrait ces chiffres : la société affichait notamment, selon lui, un excédent de 180 000 euros en 2010. Explication ? « Nous sommes bénéficiaires, parce que nous nous sommes appliqué, depuis la création du site, un taux réduit de TVA de 2,1%. Pourquoi 2,1 % ? Parce que c’est le taux appliqué aux médias traditionnels, et notamment à la presse papier. Lors de la création du site, en 2007, dans un certain flou réglementaire et législatif, nous avons considéré qu’il n’y avait pas de raison que nous acquittions une TVA discriminatoire de 19,6%. Au moins autant que la presse papier (n’allons pas plus loin pour ne vexer personne), la presse en ligne joue un rôle indispensable à la démocratie. Il est équitable qu’elle joue au moins à armes égales. », revendique le journaliste. Une position ardemment défendue par le Syndicat de la Presse d’Information en Ligne (SPIIL) depuis plusieurs années (cf ce dernier communiqué). L’Etat se dit bloqué par une directive communautaire, mais la commission européenne a fait mine, il y a un an, d’envisager un cas d’exception pour les sites Internet. Les espoirs suscités par cette timide avancée ont malheureusement été douchés, le 20 décembre, à l’Assemblée Nationale. Les députés, qui ont adopté le rehaussement de la TVA de 5,5% à 7% sur les produits culturels, ont aussi rejeté l’amendement visant à la réduction à 2,1% de la même taxe sur la presse en ligne.

SYB et Frédéric Dessort

(*) précision apportée à l’article le 23 janvier 2012

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