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« A l’ombre du Polar » : pionnier Web toulousain du roman « noir »

publié le dimanche 8 juin 2014

Créé en 2000, « À l’ombre du Polar » est un site qui raconte le roman noir sous toutes ses facettes et par son actualité. Animé par trois comparses, très old fashion pour le Web, ce qui lui confère un charme indéniable, ses feuilles numériques sont un plaisir de lecture. Jean-Luc Ferré, journaliste (correspondant à Toulouse de “L’Express” et de “La Croix”), raconte la genèse du projet, son positionnement... et sa passion pour le roman noir. L’occasion aussi de comprendre ce genre aujourd’hui, sa montée en puissance, son marché et ses interactions avec la littérature classique.

AJT-MP  : Comment est venue l’idée de ce site, il y a quatorze ans ?

Jean-Luc Ferré : Nous sommes alors trois passionnés de littérature noire : Alexandre Ithurria, qui deviendra le webmestre, Eric Blandinières, qui était plutôt le collectionneur de la bande, et moi-même. L’idée était, à une époque où le web n’était pas développé comme aujourd’hui, de présenter de vieilles couvertures de collections des années 50 ou 60 dont nous raffolions : Le Masque, les Presses de la Cité [cf ci-dessous], Un Mystère, Série Noire...

On s’est très vite pris au jeu ! Nous avons alors eu envie de raconter l’histoire du genre, de rédiger des mini-biographies qu’on ne trouvait pas, à l’époque, sur le Net. Wikipedia, par exemple, était très réduit, et il n’y avait qu’une poignée de sites consacrés au roman noir, d’où la difficulté de trouver des informations. On a d’abord, en fait, répondu à notre besoin ! Dans un deuxième temps, nous avons développé l’historique des collections, avant d’ajouter progressivement les plus actuelles : Rivages, Folio Policier, …

Un gros travail finalement ?

Non : de tout temps, nous avons fait le choix de ne pas nous mettre la pression, d’animer le site à notre rythme. Il s’agit d’un site d’amateurs et de passionnés ! Avec, bien sûr, aucun objectif de rémunération. Ainsi, progressivement, nous mettons en place de nouvelles rubriques, pages... le site s’étoffe. En 2003, “Télérama” fait un petit papier sur nous. La même année, lorsque le DVD de Réservoirs Dogs sort, son diffuseur nous demande de reprendre des informations que nous avions publiées. Il s’agissait d’apporter du contenu au livret du coffret, autour du film et de l’univers du roman noir. Au final, l’adresse web de notre site sera seulement citée, pour des raisons de droits. Nous commençons ainsi à être identifiés par les éditeurs, que nous sollicitons aussi et qui nous mettent sur leur liste de destinataires en service de presse. On reçoit alors une avalanche de livres !

Comment se porte le roman noir à ce moment là ?

Les années 2000 sont marquées par l’explosion du genre : le roman noir constitue rapidement le secteur du roman qui se vend le plus. En outre, à la fin de cette décennie, on assiste au développement en flèche des blogs – notamment des blogs de lecteurs - et de sites spécialisés. C’est un genre qui a complètement explosé. Dans cette vague, les éditeurs se mettent à chercher des talents dans le monde entier. L’offre s’élargit jusqu’au succès de collections étrangères tel que “Millenium”, porte-drapeau du polar suédois. Se rajoute à cela le développement des polars régionaux, ainsi que l’auto-production sur Internet. L’offre devient délirante !

Comment expliquer cette explosion du polar ?

Elle est due notamment à la demande croissante de sujets de société : le polar est devenu l’un des genres littéraires qui les aborde le plus frontalement. Il correspond aussi au besoin d’ouverture aux cultures étrangères. En outre, l’affection du public est forte pour les personnages récurrents comme on en trouve par exemple chez Henning Mankell, Michael Connelly.. C’est la sortie du style monolithique, et de surcroît, le roman noir imprègne de plus en plus la littérature « blanche ». En effet, le polar permet de raconter une histoire, en contrepoint de l’auto-fiction, qui se concentre sur l’intimité. Le genre noir a ainsi récupéré une fonction qui avait été perdue dans la littérature classique. De plus, le polar se lit plutôt facilement, et au demeurant, cette surproduction s’est accompagnée d’une baisse de la qualité. Dans ce contexte, il nous est devenu évidemment impossible de suivre l’actualité. Depuis deux à trois ans, nous faisons des choix qui s’affranchissent d’un marketing prépondérant. Nous essayons assez souvent de chroniquer des romans qui ne sont pas couverts par la presse, ou d’analyser, en dehors des sentiers battus, des publications d’auteurs à succès.

Propos recueillis par Frédéric Dessort

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