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Evènement

Table ronde : Le 10 Mai, au Centre de Congrès Diagora

publié le lundi 16 avril 2007
RDV : 10 mai 2007

« L’information à l’heure d’Internet : a-t-on encore besoin de journalistes ? »

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Les blogs, les sites de « journalisme citoyen » et autre encyclopédies alimentées par les internautes sonnent-ils le glas du « journalisme professionnel », ou sont-ils au contraire une nouvelle chance ? Le 10 mai, de 19h à 21h, en partenariat avec la Mêlée Numérique et le Centre de Congrès Diagora, l’AJT-MP organise une table ronde pour y voir plus clair, découvrir et débattre. Nous aurons le plaisir d’accueillir des représentants de ces nouveaux médias, comme des médias plus traditionnels :

  • Richard Patrosso, AgoraVox : le site du « cinquième pouvoir », celui des citoyens. Est-ce du journalisme ?
  • Christophe Henner, Wikipédia France : l’encyclopédie contributive à l’échelle planétaire. Mais qui la dirige ? Qui y contribue et comment ? Les articles sont-ils orientés ?
  • Philippe Rioux, Madepeche.com : le site de la Dépêche du Midi où les internautes peuvent publier leurs propres « reportages ». Comment ça marche ?
  • Claude Paichard, directeur de l’information de Sud Radio

Lieu de la table-ronde : Hémicycle du Centre de Congrès de Diagora-Labège.

2 Messages de forum

  • Table ronde : Le 10 Mai, au Centre de Congrès Diagora 17 mai 2007 02:08, par Richard Patrosso

    LE SOMMET DES QUATRIEME ET CINQUIEME POUVOIRS

    Certains me l’avaient demandé sur ce blog et j’avais l’intention de le faire au plus vite. Il me suffisait d’en trouver le temps. Ces lignes prouvent que c’est chose faite : voici donc mon compte-rendu de la table ronde du 10 Mai dernier qui avait pour sujet « L’information à l’heure d’Internet : a-t-on encore besoin de journalistes ? ».

    D’abord, avant de détailler, je voudrais remercier Jean-François Haït de m’avoir invité et Carlo Revelli de m’avoir proposé de représenter AgoraVox. Et bien sûr, je voudrais aussi remercier celles et ceux qui ont assisté à cette conférence, avec une pensée particulière pour les personnes que j’ai eu le temps de mieux connaître par la suite.

    Même si je suis venu avec l’intention de défendre l’idée que nous aurons toujours besoin de journalistes et que la guerre entre « journalisme citoyen » et « journalisme professionnel » est absurde et ridicule, même si je pense qu’un « journaliste citoyen » n’a pas à se prendre pour un journaliste professionnel, qu’il ne devra jamais prendre sa place, certaines personnes ont quand même essayé de trouver quelques failles dans mon raisonnement et au risque de surprendre, je les en remercie parce que si nous pensions tous pareils, alors soit nous ne penserions rien, soit nous n’aurions rien à nous dire : ce qui serait bien triste.

    Je voudrais donc revenir sur ces quatre points importants que j’ai voulu exposer lors de la conférence et les détailler encore plus à l’écrit.

    Pourquoi « journaliste citoyen » et « journalisme citoyen »

    Certains journalistes professionnels ont montré leur hostilité au terme de « journaliste citoyen » et « journalisme citoyen », préférant celui de « informateur citoyen », « reporter citoyen » ou peut-être même celui de « citoyen journaliste ». Pourquoi ? Parce que, selon eux, pour être un « journaliste citoyen », il faut être un « journaliste » (c’est-à-dire un « journaliste professionnel ») dans la vie. Un « journaliste » est un « citoyen » donc c’est un « journaliste citoyen » et lui seul peut acquérir ce titre. Cette théorie est totalement l’inverse de la mienne. Et de plus, je ne peux pas y adhérer. Je voudrais ici démontrer pourquoi.

    Pour ma part, j’estime « journaliste », celui qui écrit des articles après s’être renseigné sur le sujet abordé, celui qui rapporte des faits. Parce qu’il est rémunéré pour son travail, il est un « journaliste professionnel » et parce que l’information doit être avant tout (je ne dis pas « à 100% » parce que ce serait nier le rapport entre la liberté d’expression et l’Internet) l’œuvre de professionnels, il est permis d’appeler un « journaliste professionnel », un « journaliste ». Seul le professionnel n’a pas besoin de mots supplémentaires pour préciser son statut. C’est pourquoi il serait absurde de toujours répéter « journaliste professionnel ». Dans le même cas, au lieu de dire « journalisme professionnel », qui est d’ailleurs devenu « journalisme traditionnel » depuis, en particulier, l’invention d’Internet, il est permis de dire tout simplement : « journalisme ». Et j’ajoute aussi qu’un journaliste n’est pas « journaliste » en tant que citoyen, mais en tant qu’employé. Il fait ce métier non pas par devoir citoyen, mais par nécessité sociale, c’est-à-dire pour vivre. C’est un professionnel qui exerce une profession et non un citoyen qui s’engage bénévolement. C’est pourquoi un « journaliste », un « professionnel du journalisme » ne peut pas être un « journaliste citoyen ».

    Je voudrais aussi dire pourquoi je n’emploie pas, contrairement à d’autres intervenants du Cinquième pouvoir, le terme de « citoyen reporter ». Tout simplement pour deux raisons. La première, c’est parce que « citoyen reporter » ou « citoyen journaliste » n’est qu’une mauvaise traduction du terme originel anglais : « Citizen Report » qui se traduit donc en français par « reporter citoyen » ou « journaliste citoyen ». La seconde, c’est parce qu’un citoyen qui écrit des articles ne rapporte pas seulement des faits tels qu’ils sont : il les commente, les critique : il les rapporte avec un jugement (le sien) qui amène à une subjectivité telle que ce n’est plus un « rapporteur de faits », mais un éclaireur sur le sujet. Il se livre à une analyse personnelle que le journaliste professionnel ne peut qu’éviter par respect pour ses lecteurs.

    Lors de cette conférence, comme je l’ai dit, il a été avancé l’idée que pour employer le mot « journaliste » dans un terme, il fallait être rémunéré. Pour contrer cette affirmation, j’évoquerai le terme de « journaliste étudiant » qui existe bel et bien : ce sont des étudiants (peu importe l’âge, il suffit d’être inscrit à l’Université) qui développent une certaine forme de journalisme. C’est le « journalisme étudiant ». Pour preuve, je pourrais renvoyer à certains grands journaux de la presse étudiante, mais je citerais seulement mon cas puisque je suis moi-même chroniqueur pour l’Agence de presse étudiante mondiale. Le « journalisme étudiant » n’est donc pas du « journalisme professionnel », c’est une autre forme de journalisme, mais il ne peut pas être simplement appeler « journalisme » parce que ce serait le confondre avec Le journalisme : le journalisme professionnel. C’est pourquoi il faut parler de « journalisme étudiant » et de « journaliste étudiant ».

    La dernière forme de journalisme qui est né est un journalisme développé non pas par des professionnels, ni par des étudiants, mais par des citoyens volontaires et donc bénévoles. C’est pourquoi il est juste de parler de « journalisme citoyen » et de « journaliste citoyen ».

    Témoin, interviewé et journaliste citoyen

    Lors de la conférence, Claude Pichard évoquait la nouvelle initiative de Sud Radio qui consistait à donner la parole aux citoyens pendant une bonne partie des heures d’antenne. J’évoquais moi-même une note de Francis Pisani (Virginia Tech : Le journalisme citoyen est inévitable) dans laquelle le conférencier, qui vit aux Etats-Unis, tente de démontrer que le journalisme citoyen, comme l’indique le titre, est inévitable. Malheureusement, et comme je crois me souvenir que face aux nombres considérables de questions, je n’ai pas eu le temps d’aller au bout de ma réflexion sur cette note, je voudrais dire ici que je me différencie de la conception du « journalisme citoyen » de Francis Pisani parce que, comme je l’avais écrit dans Journalisme citoyen et Cinquième pouvoir, un journaliste citoyen n’est pas un amateur (celui-ci est un homme qui fait bénévolement ce qu’il n’a pas pu être professionnellement : un journaliste), mais un citoyen engagé. C’est pourquoi je parle de « journalisme citoyen » et non de « journalisme amateur ». De plus, est-ce que les citoyens qui ont filmé le drame de Virginia Tech en direct avait pour finalité d’informer ou de regarder au travers de leur téléphone portable ce qui se passait devant eux ? Dans le premier cas, il s’agirait bien de journalistes citoyens parce que ces derniers sont des citoyens engagés bénévoles comme d’autres s’engagent en politique. Dans le second, il s’agit plutôt de témoins comme il en a toujours existé même au temps où les téléphones ne pouvaient ni être emportés, ni filmer. C’est pourquoi j’ai évoqué le Bondyblog, qui lui n’est pas l’œuvre de témoins, de gens qui pourraient être en réalité interviewés, mais de journalistes citoyens même si ce sont des journalistes professionnels qui en sont à l’origine. Le Bondyblog contribue au journalisme citoyen.

    De plus, un journaliste professionnel ne peut pas être un journaliste citoyen parce qu’il doit garder pour lui ses opinions de citoyen s’il ne veut pas perdre la moitié de ses lecteurs. Mais, cela ne l’empêche pas de venir signer quelques articles dans des journaux citoyens comme le fait, par exemple, Jean-Michel Apathie sur AgoraVox. Cela ne l’empêche pas non plus d’entretenir un blog.

    Enfin, le journaliste professionnel est celui qui va chercher l’information tandis que le journaliste citoyen est le spécialiste qui disserte dans son domaine parce que personne ne peut mieux parler de soi que soi-même.

    Quatrième et Cinquième pouvoir

    Je voudrais revenir, pour terminer, sur une remarque qui m’a un peu surprise : pourquoi parler de quatrième pouvoir pour la presse ? Pourquoi serait-elle un pouvoir ?

    Je répondrai tout simplement qu’en révélant certaines informations, certaines vérités, la presse a le pouvoir de changer certains acquis ou certains non acquis. Je ne développerai pas ici l’exemple du Watergate, mais le citerai simplement parce que c’est le plus connu.

    Et maintenant, pourquoi parler de cinquième pouvoir à propos du journalisme citoyen ? N’est-ce pas plutôt un contre-pouvoir ?

    En effet, nous pouvons dire que le journalisme citoyen est un contre-pouvoir parce qu’il a le pouvoir de faire pression sur le journalisme professionnel. C’est ainsi que durant cette campagne présidentielle, des journaux ont été obligés de rectifier non pas certaines erreurs, mais certains mensonges. Mais, un contre-pouvoir n’est-ce pas un pouvoir ? Puisqu’il a le pouvoir de contrer, je répondrai donc positivement.

    De plus, j’ajouterai qu’au niveau local, il a le pouvoir de révéler certaines informations avant les journalistes professionnels. C’est ainsi qu’il doit être encore plus considéré comme un véritable pouvoir. C’est aussi pour les citoyens le pouvoir de s’exprimer librement.

    En suivant la hiérarchie, c’est donc bien le cinquième pouvoir. Mais, si le quatrième pouvoir ne peut pas effacer le cinquième, ce dernier ne doit pas chercher à tuer le journalisme professionnel. C’est pourquoi nous ne devons pas chercher à enlever aux citoyens le droit de s’exprimer et c’est aussi pourquoi nous aurons toujours besoin de journalistes.

    Richard Patrosso

    Voir en ligne : LE SOMMET DES QUATRIEME ET CINQUIEME POUVOIRS

    • Dans le Courrier International de cette semaine (n°867, 14 au 20 juin 2007) il y a dans la rubrique multimedia un article du San Francisco Chronicle qui traite des mêmes thématiques, sous un angle pas très optimiste.

      Marie

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