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Le torchon brûle à La Dépêche du Midi

publié le lundi 8 mars 2010

Les journalistes du groupe fustigent la politique éditoriale du journal et votent une motion de défiance à l’égard de son directeur général et de son rédacteur en chef. Ils exigent en outre l’abandon de la dénonciation de nombre d’acquis sociaux, faute de quoi une grève des rédactions débutera le 10 mars.

Les mots sont durs à propos de la direction de La Dépêche : « stigmatisation », « dénigrement », « haine » des journalistes, « démission » éditoriale. Dans un communiqué, les journalistes de l’UES-Dépêche du Midi - autrement dit, du groupe (*) - dépeignent un contexte particulièrement délétère. Et 113 sur 215 d’entre eux ont voté (**), samedi 6 mars, une motion de défiance à l’encontre de José Biosca, directeur général mais aussi de Yann Bouffin, rédacteur en chef. « Les journalistes considèrent que les responsables de la rédaction ne les représentent plus. Les journalistes se désolidarisent de la ligne éditoriale adoptée depuis des mois par les responsables de la rédaction », précise le texte. Rappelons qu’une motion de défiance avait été votée à l’encontre de Bernard Maffre, président-directeur-général délégué, il y a quatre ans et demi.

Menace de grève à partir du 10 mars

Au delà de cette sévère critique, les journalistes du groupe ont édicté une série d’exigences, à lire dans le communiqué que nous reproduisons ci-dessous. Pour l’essentiel, il s’agit de voir la direction abandonner sa décision, qui doit prendre effet le 31 mars, de « dénoncer la totalité des accords catégoriels concernant les journalistes Dépêche au cours du dernier quart de siècle. ». Sinon, une grève reconductible sera entamée à partir du 10 mars par l’ensemble des rédactions du groupe. Une date symbolique, puisque c’est ce jour là que la direction doit présenter une nouvelle formule du quotidien.

Avant la diffusion du communiqué des journalistes de l’UES-Dépêche du Midi, la direction s’est exprimée par écrit dans un communiqué, en réponse à un tract du SNJ/SNJ-CGT du 2 mars. Accusant ses détracteurs de calomnie, elle souligne qu’elle lèvera certaines mesures prises à titre conservatoire - sans plus de précisions - si un accord était trouvé. En fait, une seule mesure conservatoire a déjà été prise, à savoir la suppression de 6 jours fériés au détriment de tous les journalistes.

F. D., AJT-MP

(*) L’Unité Economique et Sociale (cf cet article de Wikipedia pour la définition) du groupe Dépêche du Midi regroupe l’ensemble des salariés de ses entités économiques, dont ses filiales telles que par exemple « Dépêche Mag » ou « La République des Pyrénées ».

(**) Même s’ils ne sont pas salariés, et sont payés à des niveaux bien inférieurs au niveau de leurs confrères en poste, il faut ajouter près de 2000 correspondants de presse dans la part sociale de la « Dépêche du Midi »

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Communiqué de l’UES-Dépêche du Midi

Motion des journalistes de l’UES-Dépêche du Midi

Réunis en assemblée générale ce samedi 6 mars 2010, les journalistes de l’UES-Dépêche du Midi (1) ont voté à l’unanimité la motion suivante.

Depuis des mois, la direction du groupe Dépêche stigmatise et dénigre la catégorie professionnelle des journalistes et de leurs représentants. Elle les a écartés des négociations de l’accord de groupe dit « Grenelle DDM ». Par cet accord, les journalistes voient leurs acquis sociaux mis à mal plus que toute autre catégorie professionnelle de l’UES Dépêche.

Non contente de cette discrimination, la direction a mis en œuvre la dénonciation de la totalité des accords catégoriels concernant les journalistes Dépêche au cours du dernier quart de siècle. Une attaque sans précédent en 140 ans d’histoire à « La Dépêche du Midi ». La stigmatisation et l’insulte faite par la direction à la profession sans laquelle une entreprise de presse ne peut exister le disputent désormais à la punition collective et à la haine des journalistes.

A l’heure où l’entreprise compte proposer aux lecteurs une nouvelle formule et doit compter sur l’ensemble des forces vives de la rédaction, la démission éditoriale et l’attitude de la direction vis à vis des journalistes est suicidaire.

Les journalistes considèrent que les responsables de la rédaction ne les représentent plus.

Les journalistes se désolidarisent de la ligne éditoriale adoptée depuis des mois par les responsables de la rédaction

Aussi, les journalistes votent la défiance vis à vis de MM. Biosca et Bouffin.

Au-delà de cette défiance, les journalistes posent une série d’exigences et de revendications seules susceptibles d’une nouvelle marche en avant sur le chemin de la confiance :

- Les journalistes demandent à la direction de renoncer clairement et ouvertement à son entreprise de dénonciation des accords concernant la rédaction, et de lever les mesures unilatérales prises à titre conservatoire à propos de la récupération des jours fériés, et ce avant le 10 mars 2010.

- Après la perte sèche de 45 emplois de journalistes sur le groupe ces cinq dernières années, alors que plus de vingt journalistes s’apprêtent à nouveau à quitter l’UES Dépêche en 2010 et 2011, les journalistes exigent que tout départ soit désormais remplacé.

- Les journalistes exigent que la direction cesse les chantages et pressions vis à vis de leurs représentants. Ils demandent l’ouverture de négociations spécifiques aux journalistes sur la mise en place de mesures salariales et sur le temps de travail, en marge du « Grenelle DDM ».

- Les journalistes demandent la négociation ou la renégociation, sur toutes les entreprises du groupe, d’accords droits d’auteurs en conformité avec les nouvelles règles légales en vigueur.

- Les journalistes demandent que soient négociés l’harmonisation vers le haut de l’ensemble des conditions sociales et salariales de ceux d’entre eux qui travaillent pour les quotidiens.

- Les journalistes demandent l’application des augmentations de branche PHR aux salariés de « Dépêche hebdos » et de « Dépêche Mag », les moins bien rémunérés du groupe.

- Les journalistes demandent à la direction de s’engager sur de vrais projets éditoriaux - papier et internet - impliquant tous les journalistes.

Faute de réponse positive de la direction avant le mercredi 10 mars 2010, l’assemblée a voté une grève reconductible des rédactions à partir du 10 mars 2010.

A Toulouse, le 6 mars 2010

(1) 113 journalistes votants (71 présents, 42 représentés)

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