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Les Etats généraux ont-ils sauvé la presse écrite ?

publié le mercredi 11 février 2009

On pouvait attendre le pire des Etats généraux de la presse (1), convoqués par le président de la République avec pour objectif officiel d’aider la presse écrite (papier et Internet) à faire face à ses difficultés économiques. Certaines orientations, telles que la modification des seuils de concentration ou la suppression des droits d’auteur paraissaient actées à l’avance, à la demande de M. Sarkozy. Le manque de transparence et de concertation, l’absence des organisations de journalistes et du public ne faisait que renforcer cette crainte.

Alors, peut-être pour la première fois aussi unanime, la profession s’est mobilisée, avec des regroupements d’associations de journalistes comme le RAJ, auquel l’AJT-MP a récemment adhéré, (2) et des initiatives telles que celles menées par Reporters sans Frontières, Mediapart, Rue 89, Marianne, Les Inrockuptibles, Le Nouvel Observateur, Charlie Hebdo, initiateurs de plusieurs appels et réunions pour le pluralisme et l’indépendance de l’information (3).

L’influence de cette mobilisation citoyenne se retrouve dans les propositions relativement consensuelles, même si elles sont insuffisantes (voir notre article dans « Actualité des médias »), du « Livre vert » publié le 15 janvier dernier et regroupant les 90 propositions des Etats généraux. Cette mobilisation a sans doute également pesé sur les choix annoncés ensuite par Nicolas Sarkozy. Celui-ci, laissant de côté (provisoirement ?) ses premières options, a repris les principales recommandations du « Livre Vert ». Beaucoup de bruit pour rien, pourrait-on penser. Certainement pas, et la vigilance demeure indispensable, car sur le fond, rien n’est réglé. Les principales garanties morales et déontologiques demandées par les journalistes pour exercer leur métier en toute indépendance ont été mises de côté, comme l’attribution d’un statut juridique à chaque rédaction. La presse écrite n’existe que par ses lecteurs, et le public ne reviendra vers elle que si le contenu et la qualité de l’information sont au rendez-vous. Comme le constate l’historien et philosophe Marcel Gauchet dans un entretien paru dans Le Monde du 7 février : « Où sont les lecteurs ? Aux abris en général… » (4).

Sylviane Baudois Présidente de l’AJT-MP

(1) http://www.etatsgenerauxdelapresseecrite.fr (2) http://www.leraj.info (3) http://www.mediapart.fr/club/edition/etats-generaux-de-la-presse-le/article/261108/5000-signataires-comme-eux-signez-l-appel (4) http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/02/06/marcel-gauchet-ou-sont-les-lecteurs-aux-abris-en-general_1151777_0.html

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