A moins d’une semaine des élections européennes, les listes nationalistes et d’extrême-droite semblent attirer un nombre croissant d’électeurs, alors que ces partis sont déjà au pouvoir dans certains pays.
Peuvent-ils être considérés comme des partis comme les autres ? Leur fond de commerce est la haine de l’étranger, des migrants, des musulmans, des juifs, des roms, des homosexuels… et par dessus tout de la démocratie. Leurs responsables brandissent la liberté d’opinion et d’expression qu’ils dénient aux autres pour demander l’accès à la parole publique et aux médias. Rappelons qu’en France, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie et l’appel à la violence ne sont pas des opinions, mais des délits.
En tant que journalistes et que citoyen-ne-s, attaché-e-s aux valeurs fondamentales de notre profession et de notre Constitution républicaine, nous devons nous montrer doublement vigilant-e-s et responsables. Le Club de la Presse d’Occitanie, qui accueille régulièrement dans ses locaux des événements initiés par des élus ou des mouvements politiques, a manqué de vigilance en acceptant une conférence de presse de La Ligue du Midi et du groupe féminin Les Brigandes (1) pour le vendredi 17 mai. Il s’agit de groupes racistes, proches des Identitaires, qui sont coutumiers de violences verbales ou physiques et dont certains membres ont été condamnés. En réalité, le but de cette conférence de presse était de dénoncer et d’insulter la commission d’enquête parlementaire sur les groupes d’extrême-droite, créée le 23 janvier dernier (2), tout en criant à l’abus de pouvoir et au complot contre les libertés publiques.
Devant la stupéfaction et la désapprobation largement partagées dans la région suite à l’annonce de cet événement sur le site du Club de la Presse d’Occitanie, les responsables du Club ont décidé in extremis le vendredi matin l’annulation de l’événement et la fermeture des locaux. Les réactions violentes de la Ligue du Midi et des Brigandes – en particulier contre des journalistes - ont montré - s’il était nécessaire - que ces groupuscules n’ont pas leur place dans le débat démocratique. Nous n’avons pas à nous mêler du fonctionnement interne du Club de la Presse d’Occitanie, dont les explications contradictoires n’ont pas permis de vraiment comprendre ce regrettable incident. En revanche, le Club de la Presse d’Occitanie s’honorerait en reconnaissant qu’une faute a été commise, et en clarifiant son positionnement vis-à-vis des groupuscules d’extrême-droite. Céline Cammarata, présidente du Club de la Presse d’Occitanie, jointe par téléphone dimanche soir 19 mai, regrette les réactions et “jugements hâtifs”, nombreux sur les réseaux sociaux. Elle précise que le Club souhaite en priorité revoir ses procédures internes et que son bureau s’exprimera en externe par la suite.
Sylviane Baudois, vice-présidente de l’Association des Journalistes de Toulouse et de sa région.
(2) Cette mission est chargée de dresser « un état des lieux sur l’ampleur du caractère délictuel et criminel des pratiques des groupuscules d’extrême droite », avec pour objectif si nécessaire d’aller jusqu’à la dissolution de ces groupes. http://www2.assemblee-nationale.fr/15/autres-commissions/commissions-d-enquete/commission-d-enquete-sur-la-lutte-contre-les-groupuscules-d-extreme-droite-en-france/(block)/55211