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Liberté d’informer, liberté de manifester

publié le lundi 11 février 2019

Le mouvement des Gilets jaunes a – entre autres – remis au premier plan la détestation des médias et l’exercice concret de la liberté d’informer. Les insultes et les violences physiques de certains Gilets jaunes contre les journalistes n’ont fait que prendre la suite des agressions verbales des politiques contre la presse, mais avec des motifs bien différents. Les journalistes ont été assimilés aux élites, aux groupes qui contrôlent les médias et en conséquence, ils ne pouvaient que mentir. Pourtant, les confrères et consoeurs sur le terrain sont souvent des précaires essayant de faire leur métier dans des conditions difficiles, souvent pris entre deux feux. En effet, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à les bousculer, à briser leur matériel, à les mettre en joue – tout comme envers des « street-medics » et des observateurs indépendants.

A contrario, des Gilets jaunes n’ont pas hésité à apporter leur soutien à « Mediapart » lors d’un rassemblement le 5 février devant les locaux du journal après la tentative de perquisition autour de « l’affaire Benalla ». Cet apparent paradoxe devrait nous inciter à examiner de manière critique notre traitement de ce mouvement inédit. Une autre conséquence des récentes mobilisations est la remise en cause du droit de manifester. En 2015, la loi sur l’Etat d’urgence – entrée dans le droit commun en 2017 – ouvrait la voie aux mesures administratives envers les personnes (assignations à résidence, mesures de surveillance…) sans le contrôle du juge judiciaire. La loi « anti-casseurs » renforce ces dispositions, tout en contrevenant de surcroît à un principe fondateur du droit français : la nécessité du commencement d’exécution, ce qui permettrait aux préfets de prendre des interdictions individuelles préalables de manifester, sans qu’aucune infraction n’ait été commise. Ce texte suscite de grandes inquiétudes concernant son utilisation, car, au-delà des « casseurs », ce sont les mouvements citoyens et les libertés individuelles qui sont potentiellement visés, y compris la liberté de la presse.

Sylviane Baudois, vice-présidente de l’Association des Journalistes de Toulouse et de sa région

Le 7 février 2019

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